Le Maître est retrouvé, il reparaît aussi radieux que jamais.
1.Nous voici de nouveau plongés au cœur de notre propre chaos.
Le maître reparaît aussi radieux que jamais, comme s’il avait traversé les voiles de l’existence pour atteindre un état de clarté inaccessible aux mortels.
Son regard semblait porter en lui les mystères de la vie et de la mort, cette étrange frontière où le fini rejoint l’infini.
L’expérience métaphysique, ce passage de l’ombre à la lumière, était désormais accomplie. Ce retour n’était pas une simple réapparition, mais l’expression tangible d’une transcendance.
Ici “retrouver le Maître” peut nous renvoyer au cheminement intérieur, à la quête du “soi” ou de la vérité perdue.
C’est un point culminant dans le parcours initiatique où nous retrouvons un aspect essentiel de notre être spirituel, symbolisant une forme de renaissance.
Autour de lui, le silence s’épaississait, chargé d’une présence divine, presque palpable.
Les frères, figés dans leur humble recueillement, contemplaient l’incarnation de cette sagesse venue d’ailleurs, comme un écho des réalités supérieures
Auréolé d’une lueur inédite, sa présence semble habiter un autre espace, une frontière délicate où la vie et la mort ne sont plus que des reflets éphémères.
2.La vie, la mort
Les frères savent que quelque chose de très grand les a touchés…..car l’image du Maître qui reparaît radieux souligne la victoire de la lumière sur l’obscurité, la victoire de la connaissance sur l’ignorance, le fanatisme, et de la vie sur la mort symbolique.
La “radiance” du Maître rappelle une lumière intérieure retrouvée, une conscience illuminée par l’expérience et les épreuves surmontées.
Le message semble clair, toute fin est un recommencement : idée majeure de transformation et concept philosophique essentiel, que nous retrouvons également dans d’autres traditions, comme le bouddhisme. Et ce mythe de l’éternel recommencement imprègne toutes les civilisations depuis les grecs présocratiques, aux mésopotamiens jusqu’aux australiens aborigènes….tout comme en Franc-maçonnerie lorsque nous vivons et mourrons, au gré des passages, en cycle infini, dans un mouvement de spirale, éveillant notre immanence pour vivre une réalité transcendée.
Ainsi avec ce temps du retour de Maître Hiram en chacun de nous, nous voici également invités à aller à la rencontre de l’expérience spirituelle…car Le “Maître radieux” n’est pas seulement un homme mais il est le principe spirituel, la connaissance transcendantale, qui demeure à jamais lumineux et porteur de vérité, prêt à guider les initiés sur leur propre chemin de perfection.
Si le maître est revenu et que le travail doit reprendre, notre devoir se nourrit également d’un nouveau plan. La flamme allumée en nous, dont la lumière éclaire peu à peu notre propre obscurité, réchauffe notre ferveur, et notre amour tout en traçant un nouveau plan. Mais ce soleil n’est pas celui de l’extérieur mais bien celui que nous portons en nous capable de faire reculer les ténèbres, et faire taire ces trois mauvais compagnons.
Plus radieux que jamais le maître reparaît sorti des profondeurs de son obscurité poussé par la dynamique et son désir de la lumière.
Le nouveau maître Hiram réincarné a appris à mourir par Philosophie disait Platon, il doit désormais apprendre à vivre en devenant ce maître maçon attentif, éveillé, ouvert sur le monde, par le doute et le questionnement.
Nul doute que la présence du blanc et du noir restera permanente, mais, tel un combat incessant entre le bien et le mal, nous devrons faire en permanence la part des choses pour avancer sur notre chemin.
La douleur, la chute et la souffrance nous habitent et l’équilibre entre ces états et la sérénité, la sagesse et la joie à partager est du domaine du possible.
Extirpé de la matière il nous appartient de vouloir nous spiritualiser pour atteindre la plénitude et devenir un jour, cet homme vrai en toute circonstance.
A ce stade, il faut reconnaître que cette transformation qui s’est opérée en nous, nous le devons à la loge, ce lieu de gestation spirituelle dans lequel nous avons
pu sublimer notre dépassement et pénétrer notre être pour nous diriger vers notre propre connaissance.
“Co-naître” c’est “naître avec” par le dialogue avec nous-mêmes, chercher la résonance avec la pierre cachée de vitriol pour retrouver “le soi” à l’état pur, cette pierre philosophale de sagesse.
Notre régénération est de retrouver notre état de perfection, hors des ténèbres par un retour sur soi et “être” en esprit et vérité.
Certes c’est le difficile qui doit être le chemin. Certes les assassins courent toujours, et notre temple reste à achever, avec persévérance et vigilance.
Mais plus radieux que jamais et baignés d’une autre lumière, tout reste possible.
Il me semble que nous devons garder ce désir d’appétit de connaissance.
Il y a dans ce rituel de mort et de renaissance que nous venons de vivre une métaphysique optimiste et tonique pour le chemin qu’il reste à gravir dans la suite de nos degrés.
La métaphysique, dit René Guénon, est par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et de toutes les contingences. C’est vers l’intériorité que l’homme doit diriger son attention.
3.Vita fabula
En somme, la mort d’Hiram est une histoire de vie, marquée par une fin heureuse, faite d’espérance en soi, et en l’autre.
Une histoire universelle sur la transformation de nous-mêmes où chacun peut vouloir changer pour s’élever.
En atteignant cette étape, nous devenons un “philosophe de la pierre”, celui qui a trouvé la “pierre philosophale” en lui-même.
Un histoire qui nous dit que le véritable “Maître” n’est pas à chercher à l’extérieur, mais en soi, et que sa lumière,
bien que obscurcie temporairement par les épreuves de la vie ou les étapes de l’initiation, peut être retrouvée et briller à nouveau.
Celui qui tombe peut toujours se relever, nous dit Henri Lustman dans Tradition écossaise, et passer d’une conscience apaisée du “je suis ce que je suis” à “je suis qui je suis”.
Alexandre Rosada@novembre2024
Ajouter un commentaire