Autonomie, autodétermination, pleine souveraineté, indépendance : Anachronismes au cœur du siècle ?
On parle d’indépendance comme d’un totem.
Un mot sacralisé, brandi comme la promesse d’un avenir souverain, affranchi des chaînes de l’Histoire.
Mais derrière le mot, il y a la réalité, crue, complexe, interconnectée.
Car comment peut-on revendiquer une indépendance politique tout en niant, dans le même souffle, les interdépendances économiques,
sociales et stratégiques du monde contemporain ?
L’idée même d’une autonomie pleine et entière semble anachronique dans un siècle où aucune nation, pas même les grandes puissances,
ne peut prétendre exister sans le tissu des autres.
L’idéologie kanak, nourrie de mémoires blessées et de combats légitimes, continue d’exiger un affranchissement total.
Une fierté, certes noble, mais qui confine parfois à l’égocentrisme politique et à force de fermer les yeux sur la mondialisation, on finit par s’enfermer dans une forme d’aveuglement idéologique.
Car que serait une indépendance qui ne sait ni se nourrir, ni se soigner, ni se défendre, ni éduquer seule sa jeunesse ?
Que serait une nation qui, au nom d’un passé douloureux, refuse les alliances, les complémentarités, les partenariats sans lesquels aucune prospérité n’est possible ?
L’indépendance, si elle ne s’appuie pas sur une interconnexion assumée avec le monde, devient régression.
Elle nous ramène à une vision fantasmatique de l’autarcie, et du repli.
Bref, peut-on vraiment bâtir un pays libre en refusant les lois du réel ?
Rappelons que l’indépendance ne se décrète pas, elle se construit, et surtout, elle se finance. Elle ne peut être pérenne que si elle est stratégiquement pensée, économiquement viable, culturellement inclusive.
Attention car, à trop vouloir être seul, on finit isolé. Et l’isolement, en géopolitique comme en économie, est toujours le début du déclin.
Alexandre Rosada Avril 2025