Tuba
Ni prophète, ni être surnaturel, Tuba est un homme comme les autres, peut-être plus attentif à la nature humaine, plus attaché à la concentration et au détachement pour atteindre
sa vie intérieure. Tuba n’écrit rien, mais quand il rencontre des gens, il parle longtemps avec eux, et s’intéresse toujours à leurs expériences. Son passage, et son souvenir restent alors gravés dans les mémoires.
Tuba vivait dans une grande chefferie du Caillou, perchée au cœur de la chaîne. L’aire culturelle regroupait plusieurs clans, souvent en conflit avec d’autres réseaux d’alliances, basés plus au sud. L’espace tribal traversé au nord de la vallée par une rivière, bordée d’allées de faux peupliers, baignait dans une nature presque aussi pure qu’au début de l’humanité. Fraîcheur du jour et de la nuit. Lune, étoiles, terre, brouillard, chaque jour le parfum des fleurs et des bois embaume le paysage tout entier.
Ce jour-là il faisait beau, le ciel était bleu. Les arbres frémissaient d’un vent léger. Tuba regardait autour de lui. Plus haut, trônaient toujours les deux montagnes au sommet desquelles nichent toujours des aigles-pécheurs. La mer n’était pas si loin à vol d’oiseau, et voilà que tournoyait un de ces rapaces au-dessus de la vallée.
Tuba savait se dépasser, il avait retenu de ses maigres leçons à l’école des blancs, qu’il était fondamentalement un homme, et qu’il fallait s’éveiller au monde. Sa professeure d’histoire lui disait souvent, dans un sourire, qu’il fallait écrire sa propre histoire. Tuba la regardait, étonné, presque embarrassé. Les mots alors, portaient un sens, pas tout à fait intelligible pour lui. Aujourd’hui, il avait presque compris cette métaphore, et son expérience quotidienne l’éloignait peu à peu de la souffrance. Ainsi il ressentait le bonheur pur et la sérénité. Comme tout jeune homme, avec certitude, il voulait transmettre sa modeste expérience de vie, car sa mère, Carissa, lui avait indiqué la puissance de la transmission du savoir.
Souvent dans l’après-midi, assise sur la souche d’un badamier, à l’ombre des arbres qui indiquaient quatre heures, Carissa lui racontait l’histoire de sa naissance. Elle lui disait qu’elle avait rêvé sa venue au monde. Fréquemment dans ce songe, l’enfant figurait Tupi’lak, un lézard bleu turquoise à la tête rouge cochenille, le corps rayé de jaune avec quelques écailles couleur argent.
L’esprit bénéfique de Tupi’lak, jusqu’alors caché dans les cieux, traversa Carissa et quelques mois plus tard, elle mit au monde Tuba.
Ses amis et ses parents se réjouirent, et ce jour-là, ils vinrent nombreux s’incliner devant celui qui n’a rien, et qui n’est rien, remerciant les dieux de la naissance de cet être fragile, porteur d’espérance.
Tuba au fil du temps, révéla de justes qualités spirituelles.
Dix-huit ans plus tard, visage joliment dessiné, yeux marron clair, une chevelure brune abondante, Tuba était désormais un beau jeune homme.
Avec sa mère Carissa, et son père Blâma, un des membres influents du conseil du village, Tuba formait une famille qui vivait dans l’opulence. Fréquemment les missionnaires étaient invités à leur table. Leur maison ronde, richement décorée, bordée de pins colonnaires et de cordylines, invitait à la méditation. L’harmonie silencieuse des barrières végétales favorisait le temps mythique du monde visible et invisible.
A sa vingt-cinquième année, Tuba prit pour épouse Hajj, jeune fille du clan voisin. Ils eurent un enfant, Medio.
Pourtant la paix de ce lieu de tranquillité, parfois se brisait lorsque Blâma voulait imposer à Tuba de prendre la succession des affaires familiales basées sur le commerce de la biche de mer. Des débouchés existaient avec des commerçants de Sydney. Le père, gardien de ses intérêts, voulait avoir un successeur pour faire barrage aux nombreux « beachcombers » anglo-saxons, qui venaient régulièrement piller le lagon. Blâma tentait par tous les moyens de garder Tuba auprès de lui. Il se disait qu’en lui occultant la réalité du monde, et en le prévenant des malheurs qui l’attendaient, il le protégeait.
Tuba n’avait que faire de posséder comme son vénérable père un quelconque pouvoir temporel et une immense richesse matérielle. Lui, aspirait à découvrir les vastes domaines de la pensée et de l’action.
Alors, il se positionnait face au levant, debout, le regard au loin, comme recevant des paroles venues d’ailleurs. Si son existence terrestre devait avoir un sens pour lui, pensait-il, elle devait trouver sa voie en cultivant sa propre quête.
Jamais Carissa n’intervenait lors des éclats de voix entre Blâma et son fils. Elle écoutait mais savait que son époux ne pourrait jamais résister aux prémonitions des textes sacrés.
Elle connaissait les marques corporelles irréversibles que portaient les futurs élus.
Elle savait que trois stigmates au moins, révélaient sur lui qu’il était un de ces êtres d’exception. Tuba était un élu, comme le sont les grands prédestinés, appelés à changer le destin de l’humanité.
Les trois plis de beauté dans le cou de Tuba étaient le principal de ses signes, tout comme la forme particulièrement bien dessinée de sa protubérance crânienne. Les mains de Tuba avaient aussi une quasi imperceptible apparence palmée. Avec de tels attributs corporels, il entrait dans la catégorie des grands initiés, pensait secrètement et avec joie, sa mère Carissa.
Une brise fragile glissa de la montagne à la vallée. La chaleur du jour s’estompait légèrement.
Lorsque son père parlait fort, Tuba éprouvait de la souffrance. Il aurait voulu de la compassion de la part de celui qui l’avait mis au monde. Alors il méditait et ressentait en silence la souffrance des humains, mais également celle de la nature et des animaux. Toutes les formes de vies marquées par la souffrance lui importaient.
Il fallait selon lui, lutter contre les tourments, pour le respect de soi, d’autrui et de l’environnement. Tuba pensait que nous sommes tous reliés par un amour universel, non violent et que chaque chose non-humaine est reliée à une autre. La terre, les hommes, la biodiversité, tous sont interdépendants dans un même cycle vital, c’est ce que pensait Tuba.
Ce matin-là, Blâma s’affairait autour de la maison, brûlant des palmes de cocotiers tombées au sol. Des tas de feuilles de faux niaoulis attendaient d’être calcinés. Il supervisait les travaux et ordonnait aussi à quelques ouvriers de planter de très hauts bois-noirs totems, sculptés de végétaux et d’animaux symboliquement protecteurs. Cette muraille de bois était destinée à encercler la demeure familiale. Un aspect de forteresse émanait de la construction. Comme une prison de laquelle personne ne pourrait s’échapper, et surtout pas Tuba, pensait le chef de famille.
Tuba, impassible, regardait frémir les jacarandas depuis la fenêtre de sa chambre. Il ne pouvait ignorer ce gigantesque chantier qui s’élevait presque comme une tour de Babel. La porte, massive, construite d’un bois de fer résistant au feu et aux insectes, semblait si lourde qu’elle nécessiterait plusieurs personnes pour l’ouvrir et la fermer.
Tuba comprit alors que son père ne voulait pas qu’il prenne conscience de la souffrance existant en dehors de l’aire coutumière tribale.
Blâma voulait garder son fils à l’écart de la vie extérieure. Comme une forme de défense, afin d’éviter à sa progéniture des désillusions, qui ne manqueraient pas de lui arriver, si, d’aventures il partait.
Dérisoire illusion pensait Tuba encouragé par cet interdit à défier pour son propre salut.
Le soir même, dans l’ombre, vers minuit, alors que la lune était pâle, obscurcie par des nuages vaporeux, Tuba à l’aide d’une corde de chanvre, escalada et franchit l’imposante palissade.
Du haut de celle-ci, il jeta un dernier regard en direction du village tribal.
Une fois descendu de l’autre côté du mur, il se faufila dans la nature environnante. Forêt sèche de faux-mimosas, pins colonnaires, cocotiers, palmiers royaux. Il disparut dans les fragrances des feuillages luxuriants et abondants.
Un ami, complice, avait attaché, dans l’après-midi, pour lui, au tronc d’un arbre, un cheval blanc sauvage, qu’il enfourcha immédiatement, fuyant le foyer paternel au triple galop.
L’autorité vis-à-vis de son père venait ainsi d’être ébranlée. Une première transgression victorieuse pour Tuba. Jusqu’alors docile, il avait tout abandonné, afin de mener « sa » quête personnelle, et chercher « sa » vérité. Il reviendrait après avoir fait « sa » route, c’est ce qu’il avait écrit dans une lettre adressée à Carissa et Blâma ainsi qu’à son épouse et leur enfant. Ils liraient son testament philosophique, à leur réveil.
Le lendemain, détachés des liens du sang, Tuba prêt à s’accomplir sur le plan spirituel, décida de se séparer de sa monture, de brûler ses vêtements et de jeter ses couteaux de chasse dans un cours d’eau. Son existence érémitique venait de commencer. Il était désormais comme oint de la bonne huile, dépouillé de ses aspérités, recouvert d’une rosée bienfaisante et parfumé d’une odeur agréable et douce. Son esprit s’envolait vers d’autres cieux. Son heure de gloire spirituelle était venue, il l’avait tant espérée.
A pieds, de sentier en chemin puis en route principale, Tuba cherchait la paix intérieure. L’air sec et brûlant du soleil de midi, lui fouettait le visage. Il faisait des efforts physiques, alternant méditation et contemplation.
Mais Tuba n’avait toujours pas atteint sa plénitude.
Sous un kapokier, le jeune homme s’installa et prit place. Le dos appuyé au végétal, il comprit soudain qu’il lui fallait trouver le bon équilibre entre ce monde, auquel il appartenait et celui des illusions trompeuses. Chacun doit s’accorder avec lui-même songeait-il. Semblable à un instrument de musique, pour en obtenir le meilleur son, il fallait que les cordes ne soient ni trop serrées, ni trop lâches. Ainsi doivent-être les humains pensa-t-il.
Tuba sait que le travail qui l’attend est immense. Le mal inconscient, est souvent à l’œuvre, face au bien. Tuba sait qu’il lui faut combattre les passions destructrices pour laisser passer la lumière.
Alors plongé dans ses réflexions il se sent comme une feuille de l’arbre, enlevée par le vent puis par une force personnelle, il se sent attiré dans les hauteurs célestes.
Sa nouvelle perception du réel, lui procure une forme de plénitude que chacun serait en droit de posséder, s’il était engagé dans la même démarche que lui. Libéré de la souffrance. L’esprit de Tuba peut témoigner car il est devenu pur, justement grâce à l’impureté du monde. Une impureté du monde qui oblige, la pureté, à renaître sans cesse, en un cycle bénéfique.
Le jour d’après, le pèlerin reprit son chemin.
Tuba marchait maintenant à longues foulées, mais sans empressement, vers les lumières de la ville capitale, Nouméa.
Bougainvilliers fleuris, barrières en plastique blanc, puis en ferraille. Voitures, bus, camions, engins routiers. Ce vacarme l’agressait, cette ambiance urbaine et mécanique contrastait fortement avec la quiétude de l’intérieur broussard et de la chaîne.
Le ciel, s’il avait toujours le même ton bleu pacifique, détonnait à présent avec les murs gris et les allées sombres de l’urbanité.
Après avoir traversé le port puis les monuments officiels, une femme du nom de Zouézi, rencontrée près du marché central, lui indiqua d’aller rencontrer le jeudi des jeunes dans un lieu appelé le « camp est ».
Ironie ou véritable défi ? Tuba, ignorant tout de la ville se reposa d’abord au cœur d’une place ombragée de la capitale. Des oiseaux chantaient dans les flamboyants fleuris et les banians aux racines enchevêtrées.
Autour de lui, des gens de tous âges, assis sur des nattes, adossés aux grilles de commerces, le fixaient afin de mieux l’observer. Tuba paraissait étrange, mais il ne savait pas encore que le champ d’énergie positive, dont il était doté l’éclairait d’une force vitale.
Une aura lumineuse que les autres commençaient à percevoir et qui augmentait son étrangeté.
Tuba dans son désir de transmettre voulait communiquer directement avec les gens, quelle que soit leur classe sociale. Il partit le jeudi pour cet endroit, le camp-est construit sur une petite île, de l’autre côté d’une grande baie, rattachée par un petit pont enjambant un petit bras de mer. Arrivé à sa destination, il découvrit qu’il s’agissait d’une prison. Un bâtiment en dur planté sur un terrain nu. Herbes folles et desséchées. Un chemin au loin finissait dans des bananiers. Panneaux défoncés et barbelés en haut des murs. A travers un micro et une caméra pour filtrer les entrées Tuba s’adressa au gardien juché dans la tour climatisée qui surplombait le portail infranchissable. Il demanda le droit de visite avec des jeunes détenus, comme le règlement le permettait les jeudis. On lui ouvrit la porte.
Une fois entré, il découvrit les lieux insalubres et vétustes de ce lieu-dit de reconstruction et de réhabilitation. Des rats détalaient en couinant sur des tôles rouillées dans la cour sale et mal rangée. Il parcourut un long couloir crasseux et humide, infesté de cafards aux pattes velues qui sortaient de trous du sol et montaient le long des murs pour disparaître dans d’autres orifices labyrinthiques. La puanteur des égouts et des canaux d’évacuation d’eaux usées défectueuses empestait l’atmosphère. Des cris et des grognements de détenus résonnaient dans cet enfer dantesque maintes fois dénoncé dans des rapports nationaux et internationaux pour leur non-conformité aux normes en vigueur.
Rassemblés devant lui, une quinzaine de jeunes détenus. Regards fatigués, provocants, ou indifférents. Ces jeunes portaient sur eux le poids de leurs erreurs mais aspiraient à une réparation. C’est ce que ressentit Tuba.
Tuba commença à parler à voix haute, puis les jeunes s’approchant, il baissa d’un ton. Son désir était de transmettre humblement ses rudiments de connaissance.
L’un d’eux, Kotouï, grand maigre, cheveux courts, le cou et le visage tatoués lui demanda pourquoi l’éducation n’arrivait pas à solutionner les problèmes des jeunes dont il faisait partie. Tuba lui répondit que les enseignants transmettent le savoir, mais, ils devaient aussi éveiller l’esprit pour comprendre les qualités humaines indispensables au bonheur. Il ajouta qu’il fallait également apprendre à dialoguer, à résoudre les conflits, en élargissant sa pensée au-delà de sa communauté, son pays, son ethnie, pour comprendre que l’on est inclus dans l’universalité.
Aussitôt après, du fond de la salle, une question fut posée sur la haine de soi pour avoir commis des actes condamnables. Tuba expliqua que ce sentiment n’était pas normal. Pour le combattre il fallait aimer les autres, avoir tendresse et amitié, ainsi ces sentiments s’appliqueraient inévitablement à tous. Par cette réciprocité de comportement, s’opèrerait la conversion du regard sur soi, et un changement d’attitude pourrait advenir.
Tuba parla longuement de la souffrance, puis de la maladie des âmes, et de l’insatisfaction des envieux. Il expliqua également le chemin de la cessation de la souffrance.
Un autre détenu demanda justement comment sortir de la souffrance de la drogue et de l’alcool. Tuba répondit que ces deux addictions étaient des leurres qui masquaient provisoirement une autre souffrance, personnelle, intime. Ces drogues étaient des plaisirs éphémères.
-Il faut que tu comprennes d’où vient la cause des addictions pour en soigner les conséquences répondit Tuba, il faut parfois demander de l’aide pour revenir de l’enfer de ces fléaux, reprends alors confiance en toi et grâce à cet altruisme, reste enfin debout.
Au fur et à mesure que le sage s’exprimait, les yeux de tous les jeunes s’écarquillaient, des sourires pointaient et les visages semblaient davantage apaisés. A travers ces échanges, cette dimension éthique, faisait son chemin, ainsi que l’espoir de vivre une bonne vie, en pensée en parole et en action. La recherche de la vie bonne, faite de don, sans contrepartie obligatoire, était une doctrine nouvelle pour beaucoup de ces jeunes parias.
Souvent perdus dans des ghettos urbains, fossilisés dans le chômage, sans éducation familiale ou scolaire, ils ne demandaient qu’à éclore à nouveau, à renaître pour repartir d’un bon pied. Il leur faudrait aussi beaucoup de courage et de travail.
Tuba continua son discours, en indiquant que l’égo, solitaire ou en bandes organisées, étaient une illusion, donc une souffrance. Il expliqua que le moi individuel était un égarement également. Il n’est pas question de n’être rien, mais il s’agissait d’être autre chose.
Être inclus dans les forces de la vie, et non plus, dans notre petit moi individuel, auquel nous sommes trop souvent attachés. C’était sentir que l’on existe avec le commencement de son propre projet de vie.
Les détenus, captivés par cette approche du monde, se demandaient qui était ce jeune homme, d’apparence comme eux, si pauvre et misérable, mais pourtant doté de paroles riches et chaleureuses.
Ses messages formulés avec des mots de paix et d’harmonie si précis, les réconfortaient. Surpris au début, ces prisonniers ressentaient maintenant son humanité et son amour de l’autre, qu’il transmettait simplement.
Tuba voyant croître la curiosité et l’intérêt de ces jeunes adultes pour son enseignement, se sentit régénéré. Ses paroles touchaient chacun au plus profond. Il s’adressait à tous, qu’importent leurs délits, et leurs classe d’appartenance sociale ou culturelle.
Il leur disait, presque intimement, que chacun d’entre eux était capable de trouver une réparation intérieure, un pardon pour autrui, une restauration de leur condition par une tranquillité spirituelle, pour accomplir leur destinée.
La rencontre avec ces jeunes, prit quelques heures. Puis chacun se sépara pour méditer sur ce moment de partage.
L’assistance des jeunes détenus montra sa joie, lors d’une coutume de remerciement, certains par des prières et des compliments en faveur de cet homme nouveau venu les visiter et leur porter ces mots de lumières et d’espérance.
-C’est une question de cheminement personnel, leur dit Tuba avant de les quitter. Mes paroles sont destinées à éloigner la souffrance. Ce verbe que je vous ai communiqué aujourd’hui, j’espère qu’il vous permettra une forme de renaissance, pour recommencer votre vie, sur de bonnes bases.
Reparti sur sa route Tuba apprenait chaque jour un peu plus de lui-même.
Jour après jour il trouvait cette libération, en sortant d’un état pour entrer dans autre, plus absolu, en devenant finalement lui-même l’absolu. Il ne s’agissait pas du néant, il s’agissait de s’éloigner des perceptions erronées.
Il fallait comprendre que naître, mourir, être, ne pas être, étaient des notions dont il fallait s’éloigner pour évacuer la crainte de ces fausses perceptions. Il fallait apprendre à ne plus avoir peur pour trouver le bonheur véritable.
Tuba avait, pour un temps, le sentiment d’avoir accompli une partie de sa mission. Loin de son village et de l’emprisonnement familial, libre, en voyage à l’heure où nous lisons ces lignes.
Il savait qu’un jour il reviendrait, en personne ou en songe, raconter le fruit de son accomplissement à Carissa sa mère, Blâma, son père, Hajj son épouse, et Médio, son fils.
Son père, grand chef et homme respecté serait sûrement fier de lui.
En errance sur les routes Tuba a donné une nouvelle vie à des disciples, et si comme lui, ils sont bienveillants, en compassion avec tous les êtres vivants sur la terre, alors ils pourront éradiquer la souffrance en eux et autour d’eux.
Tuba est toujours présent, ici et maintenant, en chacun de nous, car chacun de nous peut s’éveiller à la sagesse.
Une fois acquise, cette force est permanente. Elle nous éloigne de la peur et nous rend libre.
Alexandre Rosada © mars 2021
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