Un jeune réunionnais Fred Honorine veut devenir Compagnon du devoir. Il est accueillis a la maison des compagnons du devoir de Toulouse. Il prépare son passage et apprends les techniques. On ne devient pas compagnon sans avoir voyagé et le voyage reste l’une des principales caractéristiques de la formation proposée par les Compagnons du devoir. Dans ce reportage le premier voyage de Fred est celui de son île natale à la France Métropolitaine, puis commencera ensuite son voyage intérieur. Les futurs compagnons appelés « Itinérants » vont d’entreprise en entreprise, de ville en ville, de région en région, de pays en pays, parfaire leurs connaissances professionnelles. Actuellement, les compagnons du devoir sont présents dans 45 pays des cinq continents, même si l’expression « Tour de France » reste toujours utilisée par tradition. Cette expérience humaine leur permet d’acquérir adaptabilité et ouverture d’esprit. Au terme de leur Tour de France d’une durée de trois à six ans, les jeunes sont invités à présenter un travail de réception ou « chef-d’œuvre » aux compagnons de leur corporation afin de devenir compagnon.
La mère des Compagnons du Devoir,
Nous l’appellerons Marie, en souvenir de Marie Mère de Dieu dont nous parlerons plus tard, mais Marie pour nous ce soir est le prénom que j’ai choisi pour parler de la Mère des compagnons. Cette femme qui tient l’auberge ou la maison dans laquelle se rends le compagnon lors de son Tour de France.
Nous le savons tous, le compagnon, se doit, de par son serment maçonnique accomplir plusieurs voyages, polir sa pierre brute et réaliser en lui la pierre cubique de la perfection sur son chemin initiatique et spéculatif vers la vraie Lumière.
Il en est de même pour le compagnon opératif. Au cours des siècles passés muni de sa canne, pour le soulager ou porter son baluchon, les compagnons du devoir qu’il soit aspirant ou Maître fini, comme le plus célèbre d’entre eux Agricol Perdiguier, dit « Avignonnais la vertu », parcouraient la France au rythme des chansons.
De ville en ville les ouvriers désireux d’acquérir une maîtrise parfaite de leur art, qu’ils soient couvreurs, charpentiers, maroquiniers, boulangers, tapissiers, selliers, forgerons ou tonneliers et bien d’autres métiers encore, ils apprenaient, et encore aujourd’hui, Le métier, mais aussi la vie. L’objectif est de concevoir et de créer des plans, puis de les exécuter, et transformer la matière en œuvre d’art, en reliant tradition et modernité, dans une idée de transmission de son savoir, avec une conscience collective de rigueur morale et professionnelle pour s’élever soi-même, mais surtout bâtir construire et améliorer les hommes et la société.
Mais il faut savoir… que le Tour de France était dangereux, les périls existaient sur les routes parfois peu sûres, avec aussi les rivalités entre frères ennemis qui se livraient à des sanglants combats, car le fort mouvement ouvrier du Compagnonnage après la révolution Française vers 1804 voit deux grandes caractéristiques de compagnons « la fondation du devoir de la liberté » s’opposer au catholique « Saint devoir de Dieu », sur fond de droit de grève de protection et de revendications ouvrières.
Ainsi les luttes fratricides entre ses deux « chapelles » culminaient parfois avant que Perdiguier dont je parlais, tenta de les unifier….Hélas, le compagnonnage déclina dans la deuxième moitié du XIX ème siècle sous l’effet de la révolution industrielle, et avant qu’un renouveau intervienne à la Libération et que aujourd’hui la Fédération compagnonnique ne cesse d’attirer des jeunes recrues au plan mondial et que le métier s’ouvre aux femmes.
Mais dans le passé point de femmes compagnons du Tour de France, seule une femme était acceptée elle se nomme la mère des compagnons !
En effet…Au cours de sa formation auprès de divers patrons et « pays » ou « coteries », le compagnon au cours de son périple, trouvera partout une maison de compagnons, où sont situées « Cayennes » et « Chambres ». Cette maison est gérée par une femme :
la « Dame économe », la « Dame hôtesse » ou « Mère » en fonction du degré d’initiation reçue par cette dernière.
La mère, nous dit Jean Pierre Bayard est l’épouse d’un compagnon. Elle incarne l’esprit de la maison qu’elle dirige, elle veille sur la vie intérieure allant de l’état des chambres à la nourriture, vérifiant aussi la tenue et l’habillement des jeunes.
Confidente de ses garçons éloignés de leurs familles, elle commande tout en sachant se faire aimer, et respecter.Elle tient le registre des amendes, sanctionnant les infractions : un col ouvert, l’absence d’une cravate, un mot grossier, une tenue peu convenable.Elle a le droit de réprimande et de rappel au Devoir.
La Mère prends les repas avec les compagnons, les aspirants ou les itinérants, cela crée un esprit familial.Elle n’habite pas toujours dans la Cayenne, elle peut résider chez elle, éloignée des membres de la société. Mais la mère est aussi une femme qui a subit des épreuves selon un rituel qui lui est propre. Elle s’engage par serment à porter les couleurs, un sautoir blanc et un bijou, dans la plupart des rites, un bracelet de fer au poignet ou bien un pendentif en or, avec une médaille ou l’on trouve le sceau de l’union compagnonnique et une équerre et un compas. La mère pourtant ne participe pas aux épreuves d’initiation des compagnons mais elle peut écouter les travaux des aspirants en dehors de leur initiation.
Lors des Banquets la Mère est toujours placées à la table d’Honneur à coté des plus hauts dignitaires. On ne fume pas et on ne tombe pas la veste sans l’accord de la Mère. Dans les discours la première personne citée est « Notre mère » avant même toute autre personne.
Parmi les « Mères » qui marquèrent l’histoire des Compagnons du devoir, le musée de Tours, cite la Mère Jacob, chérie des compagnons boulangers qui a géré sa Cayenne de 1820 à 1863.
Autre figure « Berrichonne la Bonté » mère de la Cayenne de Châteauroux a même été décoré de la légion d’honneur à titre moral et social
Nous pouvons nous interroger sur la présence d’une femme initiée dans le compagnonnage. Une seule réponse à cela, les chartes le permettent et le prévoient !
En effet chez les Compagnons, La mère vénérée est seule admise parmi les compagnons. Elle symbolise cet éternel féminin que l’homme respecte et honore, car elle porte la vie disent les compagnons qui affirment je cite :« Elle est comme la Cathédrale pour nous apprendre à communier avec ce que nous nommons la divinité ».
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