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La Caverne de l’Ignorance et la Caverne du Crime


Platon et le 9ᵉ degré du REAA — Une dialectique initiatique de la Lumière

Au 9ᵉ degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, l’initié ne découvre pas une légende nouvelle mais une blessure ancienne. Celle du Maître Hiram, assassiné par l’ignorance, la convoitise et le mensonge. Les meurtriers s’enfuient : l’un d’eux cherche refuge au plus profond d’une caverne, persuadé que l’ombre pourra taire son acte. Cette scène nocturne, inquiétante, presque tragique n’est pas sans rappeler un autre récit, plus ancien encore :

Le mythe de la caverne de Platon.

Dans ces deux cavernes celle de la philosophie et celle du Rite se joue la vérité de l’homme : sa relation à la Lumière et sa peur de la Vérité.
Mon propos ce soir est de montrer que ces deux cavernes, si différentes en apparence, racontent un seul et même combat : celui de la Lumière contre l’illusion.

I — La caverne de Platon : ignorance, illusion et servitude

Dans La République, Platon décrit des hommes enchaînés, condamnés à ne voir que des ombres. Ils croient percevoir le réel, mais ils ne voient que son ombre portée. Ce qu’ils prennent pour vérité est illusion, ce qu’ils prennent pour liberté est soumission.
Platon nous prévient :
« L’ignorance est la mère de tous les esclavages. »
Ceux qui restent au fond de la caverne ne sont pas libres de leur erreur : ils aiment leur erreur.
Ils la défendent, ils la protègent, ils s’y attachent comme à une certitude. Sortir de la caverne, c’est accepter la brûlure du Soleil, la douleur du changement.
C’est reconnaître que la vérité dérange.

II — La caverne du 9ᵉ degré : faute, dissimulation et justice
Dans la caverne du 9ᵉ degré, un des assassins d’Hiram se cache. Il ne s’y trouve pas par ignorance mais par mensonge.
Il veut fuir la Lumière, effacer la trace du crime, enterrer la Parole perdue sous la pierre froide.
Comme si l’ombre pouvait protéger de la justice La caverne devient alors : un refuge d’illusion morale un tombeau du remords une tentative vaine d’effacer le réel.
Mais la lumière maçonnique n’est pas une lumière qui se contente d’éclairer : c’est une lumière qui cherche, qui poursuit, qui révèle.
« La Vérité ne renonce jamais. »
Au 9ᵉ degré, l’initié apprend que rien n’est jamais caché aux yeux de la conscience.

III — Analogie initiatique : deux chemins vers la Lumière

Ces deux mythes ne s’opposent pas : ils se complètent :

Caverne de Platon                                                        
L’homme ne sait pas qu’il est dans l’ombre                    
Le mal est ignorance                                                            
Il faut quitter la caverne
La sortie mène à la Connaissance

Caverne du 9è Degré
L’Homme sait ce qu’il a commis
Le mal est transgression
Il faut entrer dans la caverne
L’entrée mène à la Justice

                                                                            

Chez Platon, l’homme doit s’extraire de la caverne pour devenir libre.
Au 9ᵉ degré, l’initié doit descendre dans la caverne pour rendre la liberté à la Vérité.
C’est le mouvement inverse : La philosophie libère l’homme. L’initiation libère le monde
La Connaissance seule ne suffit pas ; la Justice seule ne guérit pas.
Les deux réunies sauvent l’humanité.

 

IV — Le rôle du Maître Élu : porter la Lumière dans le monde souterrain

Le Maître Élu n’est pas un justicier vengeur.
Il est l’accomplissement du Devoir. Il répare la rupture sacrée provoquée par le meurtre d’Hiram. Sa descente dans la caverne est une pédagogie :Il affronte l’ombre. Il reconnaît la faute. Il ramène la Lumière dans le lieu du mensonge. Il fait ce que le prisonnier de Platon ne pouvait pas faire :revenir parmi ceux restés dans l’obscurité, pour les éveiller à la vérité.
« Connaître le Bien ne suffit pas : il faut oser l’incarner. »
Ainsi, le Maître Élu devient l’artisan de la rectitude et le gardien du sens. l enseigne que la Lumière doit vaincre là où l’ombre a frappé.

V — La leçon du 9ᵉ degré : purifier l’intérieur pour reconstruire l’extérieur

La véritable caverne n’est pas faite de pierre. Elle est dans l’homme. C’est l’orgueil qui refuse l’aveu
C’est la peur qui nie sa responsabilité. C’est la volonté qui se détourne du Vrai. Tant que cette caverne intérieure n’est pas purifiée, le Temple ne peut être relevé.
Dans les ténèbres de la caverne, l’Élu des Neuf comprend cela :La Lumière extérieure n’a de sens que si l’âme devient elle-même lumière.
Justice et Connaissance ne font qu’un. Le Rite rejoint la Philosophie. L’Homme rejoint l’Idéal.


Conclusion

La caverne de Platon et celle du 9ᵉ degré ne racontent qu’une seule histoire :celle d’un être appelé à devenir vrai. Quitter les illusions. Affronter les fautes. Reconstruire la Parole. Rendre la Lumière à l’humanité. Hiram ne meurt jamais :il attend que nous retrouvions, en nous-mêmes, ce qu’on a tenté de faire disparaître. Seule la Lumière fait justice.
Seule la Justice libère.

C’est pourquoi, mon TCF, le 9ᵉ degré est la marche où l’homme cesse d’être spectateur du Bien, et devient son protecteur.

Je dirais enfin ceci :
Que la Lumière nous guide, dans les hauteurs de la Connaissance comme dans les profondeurs de la Justice.
Qu’en chaque Frère la Vérité triomphe de l’ombre, et que s’accomplisse le serment des Élus.

Alexandre Remo ROSADA

Écrivain et Journaliste.

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