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Ô paradoxe ! Voici que le chantre du “pays du non-dit”, revient sous les feux de l’actualité avec son fameux dogme : le “Je” doit devenir “Nous”. 

Louable intention, noble abstraction… si cette rengaine ne venait pas d’hommes qui, depuis des décennies, creusent des fossés plus qu’ils ne les comblent.

Car enfin, qui a figé les identités dans le marbre des antagonismes ? Qui a dessiné les frontières mentales entre “Blancs” et “Noirs”, entre “indépendantistes” autoproclamés et “républicains” attestés ? Qui, sinon les donneurs de leçon d’histoire, les professeurs devenus prédicateurs, avec quelques amis,  anciens directeurs de conscience en mal de reconnaissance, accusateurs de la République qu’il nient autant qu’il en jouissent ?

Car le “Nous” est un leurre sémantique, un “nous” de façade.  Ici, dans la chair du pays, le “nous” véritable a plusieurs visages.

Chez les Kanak, le “nous” est d’abord “pays à nous”, fruit d’une histoire partagée entre peuples autochtones et frères océaniens, forgé dans les solidarités coutumières et les épreuves communes. Ce “Nous” ethnique et identitaire, inclut-il ou exclut-il ? 

C’est une bonne question…mais déjà, un le débat évolue car un autre “Nous” s’est levé. 

Un “nous pays ensemble’, creuset d’un destin multiculturel et interculturel où les mémoires s’entrelacent sans s’écraser ou l’avenir doit s’écrire à plusieurs mains, ou le monde est en couleurs et non plus binaire, pour trouver la troisième voie tous ensemble dans les interdépendances planétaires.

Voyez-vous  monsieur le professeur, à force de rejeter la France, on oublie qu’elle est là, encore, dans les hôpitaux, les écoles, le droit. On ne peut pas clamer la rupture, et profiter des subsides. Invoquer l’histoire, mais en tronquer les pages et réécrire son flux.

Votre “nous”,  celui que vous vantez, ressemble à un club privé, mais il faudra bien un jour entendre d’autres voix : calmes, claires, fraternelles,  celles pour dire que le vrai avenir ne se construit pas “contre” mais “avec”. 

Que le vrai “Nous” n’est pas un mot, une formule, un slogan, mais une marche lente, lucide et partagée vers un pays juste et équilibré.

Alexandre Rosada  Juin 2025

A lire également cet article paru dans la revue « Sillages d’Océanie » en 2019 :  https://rosada.net/caledonie-philosophie-essai-sociologie-alterite/

Alexandre Remo ROSADA

Écrivain et Journaliste.

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