Initiatique : Le rôle du 1er Surveillant au REAA
Dans le silence du Temple, alors que les Frères prennent place sous la voûte étoilée, je sens sur ma poitrine le poids solennel du niveau, bijou du Premier Surveillant. Ce n’est pas un ornement d’apparat, mais un symbole vivant. Suspendu à mon cordon comme l’âme l’est à la matière, il m’enseigne la rectitude dans l’horizontalité, la paix dans l’ordre, l’humilité dans la fonction.
En symbolisme pur Le Niveau de Maçon, est constitué d’une Équerre juste
( liée en Triangle ) et au sommet de laquelle est suspendu un Fil à Plomb dont le but essentiel est de reconnaître l’horizontalité d’un plan en traversant en son milieu l’Équerre.
Cette description Littérale de la constitution, de la fabrication matérielle du Niveau, ne peut qu’ interpeller, les Maçons Spéculatifs par les différents Symboles qui le constituent…..et c’est ainsi que 1er surveillant j’ouvre les travaux, non par autorité mais par équilibre.
Je suis placé a l’occident, là où le Soleil brûle les illusions et révèle les aspérités de la pierre brute.
C’est là que je veille. Le Compagnon y travaille, le Maître y enseigne, et moi, j’observe : ni juge, ni guide, mais gardien de la juste mesure. Car le 1er surveillant ne tranche pas, il ajuste. Il ne commande pas, il harmonise. Il est l’instrument du silence intérieur, celui par lequel l’orgueil se fond dans la simplicité, et le tumulte cède la place à la paix.
Être Premier Surveillant, ce n’est pas se placer au-dessus, mais se tenir au centre du balancier, entre deux forces contraires : l’élan de la construction et le risque de l’effondrement.
Tel est mon rôle et tel l’alchimiste qui tente de fixer le volatil, je cherche à stabiliser les tensions invisibles qui parcourent la Loge, à faire que chaque pierre trouve sa place dans l’Ordre.
Ma fonction me parle de justice, non celle des tribunaux, mais celle du cœur purifié, de l’égalité des âmes au regard du Grand Œuvre. Il me rappelle que tout édifice spirituel repose d’abord sur une assise stable, plane, égale sur un fondement d’amour fraternel où nul ne domine, où tous sont unis dans la verticalité du Verbe.
Lorsque les travaux s’achèvent, mon rôle ne me quitte pas. Il demeure en moi, gravé dans ma conscience. Je referme le Temple comme on referme un livre sacré après y avoir inscrit quelques lignes supplémentaires de Lumière. Ai-je été fidèle à mon devoir ?
Ai-je veillé, non seulement sur mes Frères, mais sur l’équilibre de ma propre âme ? Telle est la vraie question.
Car le 1er surveillant n’est pas seulement suspendu à une fonction : il est suspendu à sa responsabilité d’homme libre et de mœurs.
Elle me rappelle que je suis le gardien d’un fragile équilibre, à l’image du monde en gestation, entre chaos et harmonie, ténèbres et lumière, plomb et or.
Et c’est dans cette conscience calme, verticale et humble que je quitte le Temple. Mais le Temple, lui, ne me quitte jamais.
2.
Le sens du Bijou en Franc-maçonnerie
Le bijou, en Franc-maçonnerie, n’est pas un ornement mondain, mais un symbole vivant, porteur de sens initiatique. À rebours des vanités profanes, il ne sert point à briller, mais à signifier. Il incarne la valeur intérieure que l’initié s’efforce de conquérir par le travail sur lui-même, l’étude du monde, et la pratique des vertus cardinales. Ce n’est pas la richesse qu’il expose, mais un devoir qu’il rappelle.
Dans le grade de Compagnon, moment de passage entre l’aube de l’Apprenti et la plénitude du Maître, le bijou prend une résonance particulière. Il devient le sceau d’une transformation, le témoin matériel d’un progrès spirituel. Le Compagnon, appelé à voyager, ne doit pas se perdre dans les mirages du paraître. Son bijou est un rappel constant de sa mission : dominer la matière et en extraire la lumière cachée.
Ainsi, le bijou symbolise l’union du visible et de l’invisible : matière noble façonnée par l’esprit. Il relie le plan matériel car il est tangible, porté, visible au plan spirituel car il est signifiant, orienté vers le Vrai. À travers lui, le Compagnon est invité à dépasser les apparences, à transmuter le plomb de ses instincts en or de sagesse.
Chez les Officiers, le bijou désigne aussi une fonction, une charge, une responsabilité. Il ne fait pas le Maître, mais rappelle à celui qui le porte qu’il doit être digne de l’outil ou du symbole qu’il exhibe. Le maillet, le niveau, l’équerre ne sont pas des décorations : ce sont des engagements, des enseignements condensés en métal.
Glorifier les vertus, oui ; exhiber la richesse, non. Le vrai trésor du Maçon n’est pas son bijou, mais ce qu’il incarne en silence. Le plus noble des ornements est celui que nul ne voit, mais que tous ressentent : la lumière qui émane de l’être transformé.
C’est pourquoi, au seuil du grade de Maître, le Compagnon comprend enfin que le bijou véritable est sa propre âme, polie par le travail, sertie dans l’idéal, irradiant la clarté de la Connaissance.