Skip to main content

TEIN ou l’HOMME qui voulut être ROI

Il y a du Kipling dans le destin de cet homme là. Du souffle impérial retourné.
De l’épopée rêvée qui vire au conte cruel. Comme Daniel Dravot dans L’homme qui voulut être roi, il s’imagine souverain d’un peuple enfin réuni, conquérant d’un territoire sacré, non plus le Kafiristan, mais la Kanaky fantasmée.
Un royaume à bâtir sur les cendres de la République, et dont il serait le guide providentiel.
Mais voilà : dans l’ombre de la tente de Bougival, la couronne vacille.
L’or du pouvoir n’est que dorure, la tunique du roi s’effiloche. Il veut régner, mais n’a que des silences comme sceptre et des ultimatums comme loi. Car l’homme qui se proclame « chef » d’un peuple en souffrance oublie une chose : on ne devient pas roi d’une nation éclatée sans d’abord en panser les plaies, sans écouter les murmures de ses marges.
Le mythe s’effondre dès qu’on en scrute les fondations.
Derrière les discours incantatoires, on retrouve l’ego surdimensionné de l’initié devenu stratège d’estrade, sacrifiant le bien commun à la mise en scène de sa propre légende. Tein n’est pas seul en Calédonie : combien de leaders de tous bords politiques confondent ambition collective avec ascension personnelle ?
Oui, faire société, ce n’est pas clamer sa souveraineté dans le vacarme des réseaux ou l’agitation des meetings.
C’est unir, pas diviser. C’est rassembler des îles, pas dresser des tribus.
Le peuple kanak, comme l’ensemble des Calédoniens, mérite mieux que des rois nus.
Il mérite des hommes debout, porteurs d’humilité, de vision et d’avenir, pas d’orgueil travesti en messianisme.
À trop vouloir incarner la nation, certains finissent par l’écraser. Le roi rêvé devient bouffon, et le peuple s’éloigne.
Alexandre Rosada,
écrivain, journaliste.
6 août 2025
Alexandre Remo ROSADA

Écrivain et Journaliste.

Poster un commentaire

I accept the Terms and Conditions and the Privacy Policy