Les noces de Corps et de Sang….

Les Noces de Corps et de Sang

Comment la présence du Principe peut-elle rester scellée en nous afin d’éclairer
notre connaissance ?
Un exemple possible est celui de la consécration du corps et du sang.
Tel un testament et une renaissance. Nous voici, au fond, touché de la manière la plus sensible, avec la foi, et l’amour de la foi, et alors tout prend un autre sens.
Hors la Foi, nous savons que le pain et le vin restent des aliments quotidiens sans sacralité. Avec elle nous assistons dans notre laboratoire intérieur à une transformation de la substance matérielle en présence spirituelle.
Pratiquer la connaissance, entrer dans les voies, et nous élever à la recherche de notre vérité, c’est le sens de ce banquet de la vie auquel nous sommes attablés depuis notre première naissance.
Ensuite toute notre existence, nous participons à une fête de la vie, et nous en sommes la volonté et le fondement.
Nous sommes les maîtres de notre grand œuvre, un repas possible purifié par la grâce et le don. Un festin qui serait celui du manque ou de l’abondance, creux et vide comme les jarres des noces de Cana.

Dans cet épisode biblique bref, à l’action rapide et identifiable, soit une ville, des noces et une transformation appelé miracle, Jésus atteint son but, c’est-à-dire la pleine reconnaissance de son esprit.
Le mariage utilisé comme métaphore de l’alliance entre le principe, annonce la fin d’un temps et la naissance d’un autre, avec le symbole du vin dont le rôle ici exprime la joie du Salut.
Les jarres vides justifient l’absence de la joie messianique , le texte nous enseigne que la continuité de l’alliance recueillie par l’ancienne loi permet à Jésus de la compléter en scellant avec  son peuple, pendant le banquet des noces de Cana,
une nouvelle alliance, une nouvelle Loi.

Ainsi cette histoire nous rappelle que nous sommes également à la recherche de ces noces en notre cœur, pour réparer les cicatrices du temps et obtenir cette révélation du divin dans les ravissements de notre for intérieur.
Il s’agit bien de discerner cette voix et cette voie de l’amour, du pur amour, pour devenir amour et le vivre tous les jours jusqu’à celui de la mort.
Mais dans le tumulte du quotidien comment reconnaitre le visage de l’esprit ? Nous recherchons tous l’espérance dans ce qui dépasse notre humanité, telle la nature toute entière, avec laquelle nous cherchons à nous identifier pour en recevoir la paix et la parole cachée.
Ici les visages divins ne suffisent pas à notre détresse. La régénération ne peut venir que de la victoire de la lumière sur les ténèbres, du jour sur la nuit, telle la parole lumineuse de Bouddha qui nous dit que ceux
qui s’abandonnent à sa lumière verront à l’heure de leur mort une fleur de lotus éclore chaque jour et pour l’éternité, formant ainsi le  cercle de leur vie et de leur destinée.
Dans notre demeure intérieure alors qu’ au-dehors souffle le vent du diable , nous devons prendre la décision de l’abandon au temps, à la dérive du corps et du cœur…ou bien risquer ce chemin de descente en soi pour
saisir l’ineffable parole, étincelle de vie promise au feu créateur par la jonction des énergies opposées.

Nous sommes en quelque sorte invités à nos propres noces tel un banquet alchimique ou successivement de l’œuvre au noir nous mourrons, dissous et coagulé, puis au blanc avec une spiritualisation de notre corps, pour enfin accélérer notre maturation
par l’œuvre au  rouge, révélatrice de notre évolution dans l’incarnation de l’esprit. En mourant à nous-même à l’exemple d’un Christ sauveur, nous nous consumons et devenons croix vivante. Notre destinée vibre à la mystique de l’amour consumée
par l’amour et exprimée par sa parole.
Ainsi avec force nous admettons le renversement  de nos conflits, de nos préjugés pour entrer avec raison dans un autre possible et  passer de l’obscur à la vérité.
Le banquet de la joie celui des noces alchimiques, nous guide inexorablement vers la cérémonie de la cène, qu’il faut accueillir pour moi en initié pour d’autres en religieux.
Une distanciation compliqué mais nécessaire afin de mieux comprendre ce moment d’eucharistie et d’agapes fraternelles. Ici encore il s’agit de substance et de partage où l’effacement des différences est l’expression d’une dépersonnalisation.
Elle permet restructuration et retour à soi. C’est une séquence symbolique au cours de laquelle nous sommes dans l’attente d’un évènement extraordinaire vers la compréhension du mystère.
Un moment où s’opère la circulation du principe et du fluide, le pain et le vin, le corps et le sang. Un pain murit par le feu, un vin transformé de l’eau et versé pour le rachat de l’humanité.
Manger puis boire, nous incorporons les énergies recueillies dans notre estomac comparable à l’œuf philosophique des alchimistes.
Dans un élan quasiment fusionnel nous célébrons les noces du ciel et de la terre, celles du matériel et du spirituel. Transformé de plomb en or, nous sommes régénérés dans l’espérance vivante, dans la joie et le bonheur pour partir dans le monde en pèlerin
afin de répandre la vraie lumière de la Foi et de la charité.

Ainsi de la Cène à Cana la liturgie nous invite à boire la coupe de sang et penser notre transformation.
Une transsubstantiation qui n’est perceptible que par la Foi, mais qui dans une juste synthèse entre l’homme et le Divin, nous élève en un triptyque de purification, de régénération et de transmission.

 

Alexandre Rosada © novembre 2021

 

 

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