Préférer le mythe ou la réalité ?
« Rien n’est plus dangereux qu’une idée, quand on n’a qu’une idée. » écrivait Alain.
Certains radicaux kanak illustrent parfaitement cette sentence : en persistant et signant leur rejet obstiné de l’Accord de Bougival sauf que l’opinion publique, elle, n’est plus dupe. Elle a vu les volte-face, les contradictions, les obsessions identitaires qui refusent l’ouverture, l’altérité, le vivre-ensemble. Les mêmes qui brandissent le « Nous » pratiquent un « Je » dominateur : moi ma terre, moi ma parole, moi mon identité. Un discours de fermeture qui fracture plus qu’il ne rassemble.
Et quand Bougival propose un chemin inédit : double nationalité, inscription dans la Constitution, loi fondamentale, bref un cadre historique pour inscrire la Nouvelle-Calédonie dans le XXIᵉ siècle, les “ ultras ” préfèrent le mythe à l’histoire, la pureté fantasmée à la réalité métissée.
Or la réalité, c’est que la Nouvelle-Calédonie est composée d’un peuple multiple, c’est un archipel de cultures et de langues, où se joue, selon Césaire, « la rencontre féconde des différences »…et
c’est également « l’enrichissement par la différence », cher à Antoine de Saint-Exupéry, que menace le repli identitaire, au nom d’une idéologie devenue exclusive.
Car il ne faut plus se tromper, au XXIème siècle, dans le Pacifique, au milieu des ambitions chinoises, russes et américaines, la France avec la Nouvelle-Calédonie joue plus qu’un statut : elle joue sa place, son influence, et son avenir.
Alexandre Rosada, écrivain et journaliste . Août 25


