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Le Chien en FM :
Guide de l’Ombre – Gardien de la Lumière

Dans les anciens rituels des grades d’Élus, le chien apparaît comme un symbole initiatique, déjà présent au sixième grade de la Maçonnerie Ancienne (1812) .
Il accompagne l’inconnu qui conduit les Élus vers la caverne, lieu où se cache le crime et où la Vérité attend d’être révélée. Cette présence animale est donc liée à la quête de justice, à la traque de la faute enfouie dans l’ombre.

Le chien est également montré, dans une gravure du rituel d’Élu de Pérignan (1760-1770), comme celui qui cherche près d’une source au pied des rochers . Il incarne ainsi une vigilance naturelle, une capacité à repérer ce qui est caché, à dévoiler le réel là où l’homme ne regarde plus.

Sur le plan symbolique, le chien représente la fidélité, la vigilance et une force potentielle capable de se manifester au moment décisif .
Il est à la fois protecteur du troupeau et révélateur de ce qui est disséminé : il rassemble, il oriente, il met en mouvement. Dans cette fonction de guide, il incarne la part de l’inconscient prête à surgir pour défendre la vérité quand l’intellect hésite.

Dans le Tarot, le chien mord la jambe du Mat pour l’obliger à marcher devant lui, c’est-à-dire à avancer malgré la peur . Il est aussi la carte à part, celle qu’on nomme le chien, représentant ce qui n’est pas encore joué mais peut le devenir : le potentiel caché, le destin non révélé. La tradition y voit la chance, l’intuition qui montre la voie du succès.

Philosophiquement, le chien symbolise l’insistance du réel, l’appel de l’action lorsque trop longtemps l’homme a différé. Il transforme la fuite en décision, l’hésitation en progrès. Il pousse vers la lumière comme une fidélité intérieure impossible à trahir.

Spirituellement, il est l’image de la conscience qui s’éveille, celle qui ne cesse de ramener l’homme vers ce qu’il doit accomplir.
Comme près de Bacchus, partageant la vigne symbole d’élévation de l’esprit , le chien incarne une joie originelle : la connaissance vivante qui libère et unifie.

Ainsi, dans le 9ᵉ degré, le chien n’est pas un animal :
il est le Frère intérieur qui veille,
le guide fidèle qui cherche la Vérité,
le gardien de la Justice,
et l’allié de l’Initié sur le chemin de la réconciliation.

Analyse :  Le Chien — médiateur entre la Faute et la Rédemption

Au 9ᵉ degré du REAA, le chien ne se contente pas d’accompagner les Élus : il oriente leur quête. Il marche toujours au seuil de la nuit et de l’aube, entre le monde noir du mensonge et la lumière de la Justesse. Il participe ainsi pleinement au drame d’Hiram : il traque ce qui s’est enfoui en l’homme, le meurtrier qui, croyant fuir le Gr∴Ar∴, ne fait que fuir sa propre vérité.
Dans cette dramaturgie, le chien est le gardien de la frontière : entre Johaben — Celui qui agit « au nom du Fils de la Lumière », et Abiran — Celui qui a chuté, l’homme de la faute. Le chien relie ces deux réalités en un seul destin.
Il apparaît lorsque la Justice n’est plus une punition mais une réorientation du pas. Il n’abandonne pas celui qui s’égare, mais le poursuit pour le ramener sur le chemin d’Hiram.
Sur le plan psychologique, le chien incarne ce que Jung nomme l’Ombre positive : l’énergie vitale, instinctive, qui protège l’homme contre lui-même lorsqu’il risque de se perdre dans la peur ou l’orgueil. Dans le Tarot, il mord le Mat non pour l’arrêter, mais pour l’obliger à continuer — pour que le voyage initiatique ne s’interrompe jamais.

Ainsi, quand l’Élu s’enfonce dans la caverne, ce n’est pas la raison qui le guide, mais cette fidélité intérieure qui sait reconnaître le vrai avant même qu’on le nomme. Le chien n’aboie pas : il indique. Il ne chasse pas : il révèle. Spirituellement, il est la mémoire du Bien que rien n’efface, la preuve que chacun porte en soi un allié divin, toujours prêt à rappeler que l’homme ne se définit pas par sa faute, mais par sa capacité à se relever.

Là où le poignard montre la blessure,
le chien montre la guérison possible.

Dans l’octogone du 9ᵉ degré — figure de l’homme pris entre la Terre (8) et le Ciel (9) — le chien est celui qui indique la neuvième porte, celle par où l’on quitte la loi des hommes pour entrer dans la Loi du Cœur. Il ne protège pas contre l’ennemi : il protège contre l’abandon de soi.

Il est donc le premier à accepter la réconciliation :
il se couche près du coupable,
non pour excuser la faute,
mais pour annoncer la rédemption.

Il sait que la Justice (Neqam) et l’Innocence (Naqah) ne s’opposent pas :
elles sont les deux respirations d’un même souffle divin.

Conclusion initiatique :
Ce que le chien enseigne au Maître Élu des Neuf, c’est que : l’homme n’est pas jugé sur sa chute, mais sur la lumière qu’il accepte de suivre pour se relever.
Ainsi, dans la caverne du 9ᵉ degré, le chien n’est pas l’animal du crime,
mais l’ambassadeur de la Lumière,
envoyé pour ramener le frère vers lui-même
et pour rappeler que la Justice sacrée n’est jamais destruction,
mais renaissance.

Alexandre Remo ROSADA

Écrivain et Journaliste.

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