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La Résurrection d’Hiram et les Cinq Points de la Régénération

Chapitre 1
Hiram, Maître fidèle, ne vint plus au rendez-vous. L’absence pesa sur le chantier comme un silence de pierre.
Les ouvriers s’inquiétèrent, redoutant qu’un drame ne se soit accompli. Alors commença une quête douloureuse : retrouver le Maître, le ramener à la lumière.

Cette quête n’est pas sans rappeler celle d’Enée, dans le sixième livre de l’Énéide, lorsqu’il descend aux Enfers guidé par la Sibylle. Lui aussi cherche un disparu, non pour retrouver un corps, mais pour rencontrer une âme : son père Anchise, qui l’attend dans les Champs Élysées. Dans les deux récits, il ne s’agit pas d’un voyage banal, mais d’un passage initiatique où la mort devient un seuil vers une autre vérité.
Ainsi Les Maîtres retrouvèrent le corps d’Hiram sous la terre fraîchement remuée, trahi par une branche d’acacia.
Mais ils constatèrent leur impuissance : la chair quittait les os, tout se désunissait.
L’homme semblait irrémédiablement perdu. De même, Enée, pénétrant dans le monde souterrain, voit des âmes errantes, des ombres déchues.
Lui aussi est confronté à l’impuissance de l’homme face à la mort : rien ne peut faire revivre ces spectres.
La douleur du fils répond à celle des Maîtres : devant la mort,
la force humaine se brise.

Chapitre 2
Mais c’est alors qu’une autre voie s’ouvre : non plus l’effort brutal, mais l’union intérieure. Les Maîtres forment une chaîne vivante autour du corps d’Hiram. Dans ce cercle sacré, l’énergie circule, et les Cinq Points parfaits deviennent les canaux de la régénération de l’âme. L’analogie avec Enée éclaire ce mystère : ce n’est pas en combattant les Enfers qu’Enée retrouve son père, mais en traversant les épreuves avec foi et accompagnement. C’est l’amour filial, plus que la force des armes, qui le conduit à Anchise. Et lorsque le père se révèle, ce n’est pas pour reprendre une vie perdue, mais pour transmettre une mission : Enée doit porter le destin de Rome.

Pour relever le corps  du Maître les FF utilisèrent Cinq Points de Régénération
Les cinq gestes sacrés,  main contre main, pied contre pied, genou contre genou, poitrine contre poitrine, main sur l’épaule. Ce ne sont pas de simples attitudes corporelles : ce sont les points de passage d’une énergie plus haute. Ici chaque point n’est pas seulement un geste, mais un mystère, une clé d’éveil :
Main contre main : le lien fraternel. et l’alliance des volontés. l’engagement de l’un envers l’autre et la fidélité.
Pied contre pied : la marche commune pour cheminer ensemble, car nous sommes des chercheurs de vérité.. Ici commence la voie de la solidarité.
Genou contre genou : l’humilité partagée. car c’est dans l’agenouillement mutuel face à l’immensité de l’univers que naît la dignité véritable.
Poitrine contre poitrine : c’est la circulation du souffle. Ce qui vit dans l’un se communique à l’autre comme une respiration..
Main sur le dos : le soutien ultime. Ce geste relève, soutient l’épaule vacillante de celui qui tombe.
Ici s’exprime la fraternité humaine qui devient “Caritas” donc amour fraternel.

Ces cinq points sont les points de contact de l’âme avec l’âme, par où circule la lumière fraternelle..
De même, Enée, lorsqu’il touche son père Anchise, ne le touche pas comme un vivant touche un vivant. Virgile précise : “Ter conatus ibi collo dare bracchia circum, ter frustra comprensa manus effugit imago” « Trois fois il voulut serrer son père dans ses bras, trois fois l’ombre glissa hors de ses mains. »
Le contact n’est pas physique, il est spirituel.
C’est une transmission invisible, comme celle qui circule dans les Cinq Points : l’âme à l’âme, le souffle au souffle.

Chapitre 3
Par les Cinq Points, Hiram se relève. La tombe devient sanctuaire, la mort devient passage.
Mais ce relèvement n’est pas un retour charnel : c’est une élévation, une
résurrection symbolique.
Hiram vit désormais dans la conscience des Maîtres, comme Anchise vit dans la mission confiée à Enée. Dans les deux traditions, la rencontre avec la mort n’aboutit pas à la restauration du passé, mais à la fondation de l’avenir. Hiram transmet la Parole nouvelle ; Anchise transmet le destin de Rome.
Tous deux rappellent que la tradition n’est pas un corps à conserver, mais un souffle à transmettre.


Mes très chers Frères, Hiram et Anchise nous montrent que la mort n’est pas une fin, mais un seuil.
Devant le cadavre ou devant l’ombre, l’homme découvre que l’essentiel ne se saisit pas par la force, mais par l’amour et la fidélité.
De même qu’Enée sort des Enfers transformé, porteur d’une mission, ainsi le Maître sort du Temple initié, porteur de la lumière retrouvée et sa tâche est devant lui, l’œuvre reste à accomplir.
Hiram ressuscité, Anchise retrouvé : deux visages d’une même vérité.
L’héritage ne se transmet pas par les mains crispées sur le passé, mais par la lumière qu’on fait circuler de cœur à cœur.
La tradition n’est pas un cadavre que l’on conserve, mais une vie qui se transmet.
Le cadavre d’Hiram retrouvé n’était qu’une écorce. C’est par la chaîne d’union et par les cinq points que son esprit a ressuscité.
Ainsi en est-il de la Maçonnerie : lorsque nous faisons circuler l’énergie de l’amour fraternel, nous régénérons l’âme commune et nous empêchons la Tradition de se décomposer.

Alexandre Rosada . 10 octobre 2025

Alexandre Remo ROSADA

Écrivain et Journaliste.

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