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Il y a, dans La Loi du Monde, une pluie invisible qui tombe sur les pages. Une pluie fine d’esprit, que seul le cœur recueille. Alexandre Rosada n’écrit pas un roman. Il écrit un silence qui marche, une flamme qui veille.

Isabel et Xéandre ne sont pas des personnages. Ce sont des souffles. Des éclats. Des âmes sans rideau. Ils avancent comme on apprend à marcher dans la nuit, en tâtonnant, avec une lampe sous la peau.

Ils ne cherchent pas à comprendre. Ils cherchent à être. À naître. Et la naissance est une douleur lente, une pierre qui pleure sous le ciseau. Ils sont bruts, oui. Mais de cette brutalité tendre de ceux qui n’ont pas encore été aimés jusqu’au bout.

Le monde, ici, n’est pas un décor. C’est une blessure. Et cette blessure devient loi. Non la loi des puissants, mais celle des moineaux. Une loi douce, souterraine. Une loi qui guérit sans rien dire.

Il n’y a pas de grandes révélations. Seulement des miettes de lumière. Un regard posé un peu plus longtemps. Une main qui ne s’en va pas. Le gnosticisme n’est pas un savoir. C’est une façon de se taire devant le mystère, et de l’aimer sans vouloir le dérober.

On ne lit pas ce livre. On s’y recueille. On y entre comme on entre dans une chambre où dort un enfant. Avec lenteur. Avec égard.
Car quelque chose d’immense s’y tient, et ne dit pas son nom.