Egalité, Fraternité…..Laïcité
1. De l’égalité à la Fraternité ….
Des trois vertus inscrites dans la devise de notre République, l’usage veut que la Fraternité soit citée en dernier, mais elle n’en est certes pas la moins importante. Nous pouvons même dire qu’elle Humanise les deux précédentes que sont la liberté et l’égalité. Le peuple de France lui est particulièrement attaché, elle fait partie de l’article 2 de la Constitution de notre République du 4 octobre 1958.
Et si nous sommes tous frères en fraternité, cette valeur n’omet nullement le genre féminin, car, unis, nous formons, une seule et même famille humaine
Mais il faut aussi préciser que la Fraternité, au plan juridique, c’est d’abord l’absence de refus de l’autre. Avec une dimension affective, d’ouverture, d’empathie, et de respect dans une idée de politique du cœur, principe désigné en 1789, mais qui puise également une partie de son inspiration dans la philosophie antique, la tradition du judaïsme, celle liée aux racines de la parole du nouveau testament, fondée notamment sur l’idée de charité. Sans oublier la philosophie des Lumières au 18eme siècle qui s’est traduit dans nos loges spéculatives par la symbolique trinitaire de la devise qui est également celle des Droits de l’Homme.
« La notion de fraternité s’élève vers une ambition éthique et une affirmation des valeurs, nous dit Simone Veil, notamment de l’amour du prochain, valeurs qui vont bien au-delà de la fraternité révolutionnaire ».
Pourtant si au fil du temps la fraternité, a connu un relâchement, l’idée de fraternité n’a jamais vraiment cessé avec de nos jours, son renouveau « solidariste ».
Un retour en force qui s’explique par les insuffisances manifeste de la société consumériste, mondialisée qui peuvent fragiliser les équilibres dans le rapport à l’autre, ouvrant ainsi la voie au chaos, au détriment d’un ordre public éclairé.
Ainsi la fraternité se veut égalitaire ! Le principe s’adresse à tous les citoyens d’une Nation, sans exclusives, ni différenciations.
Cependant il faut aussi rappeler que, si les exigences de l’égalité et de la fraternité nous obligent, en nous garantissant des droits, elle crée également des devoirs et des obligations positives, tant pour les individus et que pour L’état.
Nous le savons tous, la vocation de la France, est celle de l’universel, et de l’émancipation par la liberté de conscience, l’égalité hommes-femmes, et la fraternité qui nous permet de rassembler ce qui est épars, et ce, afin de continuer de nous améliorer et améliorer la société !
2. Fraternité et Altérité
Et c’est parce que nous sommes égaux et libre au quotidien, que nous ne pouvons pas esquiver d’être fraternel.
Si nous suivons la tradition, nous découvrons que ce sentiment est considérée comme le sentiment le plus noble, et le plus élevé.
Il nous unis par les liens de l’affectivité, nourrissant toutes les relation à l’altérité.
Ici la fraternité entre nous, il faut l’entendre par l’amour de l’autre, après avoir fait un travail de détachement de notre égo.
Source de vie et de force, elle est un lien entre les religions, les cultures, les couches sociales. Elle crée cette union, comme les liens de sang en fondent, en terme de famille. La fraternité est cette communion collective,
cette loi des Frères et des Sœurs, une quête du graal, qui passe par la reconnaissance de l’autre sur un plan non plus vertical,
dans un rapport dominant/dominés, mais sur le plan horizontal, en lien dynamique, en réseaux ou le « je » serai remplacé par le « nous » selon les paroles de Heidegger.
Dans notre communauté humaine et progressiste les mots sont les mêmes et la parole un temps perdu est retrouvée, refondant le renouveau de la tradition, en conservant le passé, tout en se projetant vers l’avenir.
Nous parlons bien, en effet, d’être en relation entre nous, avec nos codes, nos symboles et nos rituels, mais cette fraternité se doit également d’être connecté avec tous les humains, initiés ou profanes. Être en relation avec la vie en somme.
C’est de l’interaction entre tous les éléments, passés ou présents, et de ce qui fait la condition humaine dont nous parlons.
Ce phénomène de « fraternitas coniunctionem » de « connection fraternelle » est la pierre angulaire de notre sagesse. C’est une valeur qui nous permets la notion d’amour, comme figure centrale, élément fondateur de notre rapport à l’autre.
Mais contrairement à l’amour-éros, la fraternité-agapé n’inclut ni passion, ni sentiment de possession. Aimer son prochain comme soi même, c’est le message de Jean l’évangéliste aussi, émanation directe de la parole Christique.
Car Il faut être volontairement altruiste et avoir compris, que nous sommes égaux car issus du Principe, notre source de vie et de force.
Ce message souligne l’importance de l’immatériel et du spirituel. Il se manifeste inlassablement . L’ordre symbolique s’exprime parfaitement dans notre fraternité humaine. Si elle concrétise la continuité de nos traditions, elle permet la libération
des affects, le partage émotionnel, et reflète notre communauté d’esprit et de vérité. C’est l’ âme du monde dit Heidegger (encore lui) que nous ressentons à ce moment là. Une âme pénétrée du noble et pur amour.
Car si nous nous reconnaissons comme tel, mes TTCCFF et TTCCSS, c’est parce que la vraie vie se trouve là, non pas en moi mais surtout dans l’autre, quel que soit son genre.
C’est donc là que réside le trésor intérieur que nous avons en partage et en transmission.
Vivre en fraternité ne peut avoir de sens que si nous sommes en capacité d’élaborer ensemble des solutions de solidarité et de générosité
qui fondent toutes les civilisations. « La nature ne m’a pas faite pour partager la haine mais l’amour » déclare Antigone dans la pièce de Racine.
3. Fraternité et Solidarité
Nous le voyons, ce qui nous relie n’est pas la haine, mais la tolérance et si nous voulons donner un sens plus profond à nos actions, dans le contrat social du XXIe siècle, nous devons être capables d’agir sur des phénomènes exotériques contemporains.
Un mouvement de fond est déjà à l’œuvre, celui des solidarités et de l’investissement fraternel.
Nous sommes la charnière humaine, de l’ordre symbolique immergé dans l’ordre sociétal, pour constituer la clef de voute de l’humanisme intégral.
Déjà grâce aux nouvelles technologies de l’information, si on écarte bien sûr, les formes exagérées de la marchandisation de la pensée, nous remarquons que les solidarités sont actives.
Les valeurs solidaires ne sont pas uniquement affaire du droit, des exécutifs, ni des citoyens, mais affaire de tous !
Nous avons besoin du témoignage d’une fraternité en action, de sa puissance de transformation, et de sa capacité à répondre concrètement aux espérances et aux besoins des temps à venir.
Pour les plus démunis, pour les plus vulnérables. Pour les orphelins, les personnes âgées, les handicapés, pour les pauvres et les malades, les enfants, contre les violences physiques ou verbales, la « Fraternitas » inscrite au fronton des
institutions publiques nous invite à réagir pour contrer la régression du lien social, en redonnant son sens primordial aux trois piliers de la République.
Ici dans ce petit bout de France du Pacifique, ces mots résonnent aussi fort que sur le vieux continent séculaire, lorsqu’il s’agit de mener le combat pour la dignité des femmes, victimes de violences. Ici plus qu’ailleurs il faut éduquer à l’égalité, sensibiliser, prévenir et
s’attaquer à des représentations profondément enracinées dans l’histoire récente, la culture traditionnelle, et le poids de la religion.
Il faut lutter contre les remparts des préjugés, il faut lutter et reconquérir face aux forces conservatrices et aux violences totalitaires de la pensée.
Tout est possible ici et maintenant dans ce Pays d’accueil, pays de dons et de contre dons. Les hommes et femmes, par-delà les cultures, aspirent à une société égalitaire et plurielle. Même si les repères sont flous, et les lendemains incertains,
la foi dans l’appartenance à une même communauté, historique, culturelle sociale et politique ne faiblit pas.
Lentement diront certains, surement répondrons les autres et c’est ce qui compte.
Même si nous naissons et mourrons au temps, nous laissons des marqueurs, des traces et des empreintes qui aujourd’hui et demain encore, nous créent, nous constituent et nous permettront toujours de nous reconnaitre comme tels.
4. Sans oublier la Laïcité…
Alors si la devise Républicaine s’adapte au temps présent, et si la Liberté l’Egalité et la Fraternité s’enrichissent de la Solidarité, nous ne pouvons pas passer sous silence la Laïcité.
Car si la force de notre devise est son universalisme, elle est en danger lorsque progressent les communautarismes, les différentialistes, les particularismes et le relativisme culturel.
Les discours faisant allusions à la race et à l’ethnie sont synonymes de fermeture et diamétralement opposé à notre engagement d’hommes et de femmes libres de conscience et d’expression.
Rappelons au passage, que La Loi de 1905 ne s’applique pas en Nouvelle Calédonie. Elle est substituée par les décrets Mandel qui permettent à toutes les sensibilités religieuses de bénéficier d’aides publiques. Paradoxe, me direz vous ? un de plus en Calédonie !
Ainsi le triptyque Républicain, augmenté de la solidarité et de la laïcité sont des dispositifs destiné à rendre les citoyens plus libres et heureux. Cette liberté de conscience et d’expression qu’elle nous procure, dans le cadre public ou privé,
et dans le respect de celle d’autrui, nous honore.
Ces valeurs sont le ciment de notre société et nous ne cessons d’en lisser les aspérités armées de nos outils opératifs.
Le chantier est immense, lumineux, et il nous oblige …
Alexandre Rosada © novembre 2020
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