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Amitié et Fraternité

Cher Jean,
Je te rends ton amitié comme on restitue une pierre qui ne résonne plus dans le silence du Temple. Ce n’est pas un rejet, ni un jugement. C’est un acte de clarté, un dépôt au seuil de la Porte de l’Orient, là où s’arrêtent les illusions et où commence le vrai.
Durant deux années, le fil de la parole s’est rompu, et avec lui, le fil de la confiance. Non point d’un coup, mais lentement, insidieusement, comme se désagrège une corde usée par le mensonge et l’oubli. L’absence est devenue distance. Et la distance, trahison.
Aujourd’hui, tu reviens. Tu poses des mots pour panser l’ombre. Tu dis vouloir réparer. Tu juges. Mais les outils du Maçon ne peuvent rien sans volonté de bâtir sur des fondations solides. Or les tiennes me semblent encore bâties sur le sable mouvant du remords tardif et de l’orgueil blessé.
Je te pardonne.
Non pas comme un juge qui absout, mais comme un homme libre qui refuse d’être prisonnier du passé. Je ne nourrirai ni rancune, ni vengeance. Car la rancune est un poison, et la vengeance un échec de l’esprit. Le pardon, en maçonnerie, n’est pas faiblesse : il est transmutation. Il est l’acte alchimique par lequel je transmets la douleur en lumière, et la fracture en expérience.
Mais je choisis l’exil.
L’exil intérieur, celui du Frère qui préfère la solitude lucide aux simulacres de la fraternité. Je marcherai seul, mais droit. Car mieux vaut un désert silencieux qu’un banquet d’hypocrisie.
Je te rends ton nom, ta mémoire, ton écho. Je n’en ferai ni blâme, ni relique. Tu fus un temps du voyage, mais nos routes désormais divergent.
Va, Jean. Porte toi bien. Que la Lumière, si tu la cherches encore, te guide dans ta propre quête.

Quant à moi, je continue ma marche, le cœur apaisé, le regard tourné vers l’Orient.

Alexandre Rosada Juin 2025

Alexandre Remo ROSADA

Écrivain et Journaliste.

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